Développé par le Lab Ville prospective, le co-design prospectif est une méthode d’animation, à la fois créative et scientifique. Cette approche aide les participants à se plonger dans le futur à l’aide de scénarios contrastés, qui deviennent des outils pour imaginer différents mondes possibles en 2040. Formulés comme des petites histoires incarnées par des personnages, ces scénarios déclencheurs servent de point de départ pour débattre de ce qui, parmi ces futurs possibles, est le plus souhaitable au Québec. Ils aident les participants à se détacher des contraintes du système actuel et à penser l’incertitude du futur.
L’efficacité de ces ateliers repose notamment sur :
La diversité des expertises, des expériences de vie et des points de vue de ceux qui y participent.
La qualité des récits déclencheurs : combinant différentes tendances d’évolution documentées par la science, leur contenu est élaboré à l’aide d’experts et d’expertes, avant d’être formulé en récits qui les rendent plus accessible. Pour être de bons déclencheurs de réflexions collective, ils évitent de raconter des mondes trop optimistes ou trop sombres.
La prospective, socle de la vision des trois défis
Chemins de transition a utilisé cette méthode d’animation pour élaborer la vision des futurs souhaitables sur ses trois défis. Pour chaque défi, une série d’ateliers a réuni de 140 à 350 personnes au total, avec des profils très variés (âge, région, professionnelles et professionnels de différents secteurs, etc.).
À chaque atelier, un des quatre scénarios élaborés pour le défi concerné a été présenté afin de susciter la discussion autour des tendances répertoriées lors de la revue des futurs possibles à l’étape précédente.
Ces échanges ont fait émerger des points de consensus, mais ont surtout été centrés sur les points de tension, avec l’objectif de trouver le meilleur équilibre possible à l’horizon 2040.
De ces discussions ont émergé :
- Des valeurs communes pour l’avenir en transition;
- Des points de désaccord ou de tension. Par exemple, comment concilier densité de population, verdissement et qualité de vie individuelle? D’ici 2040, à quel point devrions-nous conserver une liberté de se déplacer (même à l’international), de manger les aliments qui nous font plaisir (même du café et des bananes!) et de profiter des outils numériques (même pour nos loisirs?).
Plongez-vous dans un Québec possible de 2040!
Utiliser la démarche prospective pour renforcer notre capacité à anticiper à long terme
Au-delà de leur utilité pour élaborer nos visions sur les trois défis, ces ateliers sont aussi très utiles pour ouvrir les imaginaires et développer une des capacités les plus importantes pour la transition (selon l’Unesco) : la « littératie des futurs ».
La littératie des futurs est une capabilité, une compétence qui permet à tout un chacun de mieux comprendre le rôle que joue le futur dans leurs [actions et leurs] perceptions du présent. Nous pouvons mieux « utiliser le futur », […] devenir plus « lettrés du futur », en réalisant les deux faits suivants. Tout d’abord, le futur n’existe pas encore, il ne peut qu’être imaginé. Ensuite, les êtres humains […] sont capables d’imaginer le futur pour différents motifs et d’une pluralité de façons. C’est alors qu’ils sont davantage « lettrés du futur ».
Dans notre société de plus en plus court-termiste, cette capacité à penser loin dans le temps s’est perdue au fil du temps. En s’appuyant sur des récits de différents futurs possibles, les ateliers de co-design prospectif sont une des portes pouvant nous aider à réactiver cette compétence, critique en période de transformation si profonde de notre société.